• Enquête/Crédit du Golf : Restructuration en eau trouble

    Enquête/Crédit du Golf : Restructuration en eau troubleLa Microfinance a entamé depuis quelques temps sa 2ème restructuration après son changement de nom. Pour autant, le conseil d’administration et la direction générale ne s’accorderaient pas encore sur leur mission respective. Tentative de compréhension au cœur de cette EMF en pleine restructuration.

     

     

    C’est lundi, premier jour de la semaine. A l’agence d’Akwa de la Microfinance de première catégorie Crédit du Golf, il est un peu plus de 12h, il y règne un calme plat. Un agent assis à gauche de l’entrée principale, semble se tourner les pouces. Presqu’allonger sur la table devisant avec une dame brune, visiblement sa collègue. L’étranger qui entre dans l’agence semble ne pas charrier l’attention du personnel qui, s’occupe à autre chose. Seul attentif, le militaire arme au point assis dans un coin de la grande salle. Ici, les guichets sont vides, pas de client qui entre ou sort.

    Même ambiance à la direction générale sise au carrefour idéal dans le même quartier. Ici, porte barricadée, après avoir sonné il faut attendre. Heureusement sur la porte, quelques documents affichés, permettent au visiteur de perdre le temps en attendant une âme de "bonne volonté". L’accueil est fade, "oui monsieur" demande un agent. "Le directeur est en réunion repassez après il reçoit vers 15h" lance-t-il les grilles toujours fermées. Pour autant, le climat a l’air morose, quelques voix sont entendues dans des bureaux, des dames entrent et ressortent. Pas de sourire, encore moins un salut de leur part.

    A ce qu’il parait, "la microfinance est en banqueroute" lancent certaines sources. Mais pour les plus proches du dossier "on a des problèmes financiers et nous sommes en restructuration". Un nouveau directeur général qui a pris fonction en Aout dernier, essaie selon les témoignages "de se battre comme il peut" pour faire avancer "les choses". L’entreprise qui connait une restructuration depuis bientôt 2 ans, réclame plus d’un milliards Fcfa à ses créanciers. La plupart étant les membres dont certains du haut de leur privilège, ont pris sous différents noms, des emprunts et les ont gardés avec eux des mois durant. "Imaginez-vous quelqu’un prend 50 millions Fcfa et les garde pendant plus de 5 mois, comment l’entreprise va-t-elle fonctionner ?" s’interroge une source proche de la direction générale.

    En autre grief porté à l’ancienne équipe "l’utilisation abusive des découverts". L’une des raisons ayant plombé l’entreprise serait selon une autre source qui a requis l’anonymat, "le financement des marchés publics qui à lui seul a englouti plus de 300 millions Fcfa non encore recouverts". Pour autant, un plan de restructuration en 3 grands axes est trouvé. Le recrutement d’un nouveau directeur général qui est en poste depuis 8 mois, le déploiement du personnel avec la fermeture de certaines agences budgétivores comme celle de Ndokoti. Le document auquel Emergence a eu accès, prévoit de passer de 8 agences à travers le pays à 5 avec un déploiement des 40 personnes qui constituent la ressource humaine à des taches plus pointues. Le portefeuille client jadis de 7 000 personnes est en cours d’assainissement.

     Mésentente entre la Dg et le CA

    A la lecture de certains échanges entre les deux instances de gestion, les  couacs meubles encore la collaboration entre le Conseil d’administration et la direction générale. "Le Dg nous a fait un mail pour nous dire qu’il souhaite organiser le conseil d’administration en avril, nous lui avons dit que ce n’est pas son travail, il devrait se concentrer sur son cahier de charge" fulmine un élu. Des erreurs managériaux lui sont aussi portés notamment "faire des rapports pour montrer comment l’ancienne équipe ne faisait rien". Il lui est aussi collé le départ de l’ancien responsable juridique et de l’ancienne directeur général adjoint. "Mise sous pression, elle a préféré démissionner" fulmine une source proche du dossier. "Le Dg crée tellement de gaffes, gronde le personnel, les simplifie au point où ce sont les employés qui appellent les clients de venir prendre leur argent" dénonce une indiscrétion.  Elle poursuit en insistant sur le fait "qu’il (le Dg Ndlr) passe le temps a chosifier ses collaborateurs, il s’entête même lorsqu’on lui donne une instruction".

     Mais à la direction générale, on affirme avoir le cœur à l’ouvrage. Les milles et un coup de fil passé par le Dg ne tourne qu’autour de la stratégie mise sur pied pour recouvrer l’argent aux créanciers. "Regarde bien, faut pas qu’on lâche la pression" instruit visiblement le Dg à un de ses collaborateurs au bout du fil. Entre un coup de fil, un coup d’œil dans les dossiers et de nombreuses réunions inscrites sur son agenda, Martin Omgba Zing semble avoir la montre contre lui. Une "brigade mobile de recouvrement" a été créée avec en tête le Dg himself. Si la direction générale affirme avoir recouvert 420 millions de Fcfa à ce jour, une autre source s’offusque de ce montant. "On a besoin de 400 millions Fcfa pour relancer cette microfinance" poursuit cette source contradictoire. Pour autant, la direction générale affirme être en phase avec ses objectifs.

     La malchance qui vient de loin

    Si l’on en croit à des sources proches de ce dossier, tout est parti de ce qui était alors Cofidecam. En banqueroute "avec 200 millions  de dépôts  d’impayés avec zéro francs en caisse", elle fut reprise par l’ancien promoteur de First-trust, "arraché par la Cobac (Commission bancaire d’Afrique centrale Ndlr)". Après opposition du ministère des Finances, "ce n’est que grâce à l’autorisation de la Cobac que Cofidecam va dévenir Credit du Golf", précise une source. "Il (l’ancien promoteur de First Trust  Ndlr) avait des techniques pour voler" susurre une indiscrétion qui connait l’affaire depuis sa genèse. Pour autant, "il surfacturait le loyer de la direction générale qu’il louait à 250 000 Fcfa pour faire sortir des caisses d’une société en cours de restructuration à 450 000 Fcfa" poursuit notre même source.

    Les agences de Bamenda et Limbé s’en sortent dans ce brouhaha de détournement avec respectivement 110 millions de Fcfa et 35 millions Fcfa de détourner "par des femmes qui étaient proches du Dg".  Lesquelles sont devant la justice depuis lors "après avoir payé une caution, celle de Bamenda a recouvert la liberté provisoire tandis que l’autre est toujours à la barre". Comme si ça ne suffisait pas, "les crédits étaient aux prête-noms sans garantis" se rappelle notre interlocuteur.

    Mais aujourd’hui, en restructuration pour la 2ème fois, Martin Omgba Zing saura-t-il sauver ce qui peut l’être avec une désertion accentuée des clients ? Jusqu’à quand certains administrateurs tirés parmi les non-endettés et la direction générale vont-ils continuer de ramer à contre-courant ? De toute évidence, le prochains conseil d’administration convoqué par le Dg en violation des textes selon certains administrateurs, lorsqu’il sera statutaire, s’annonce houleux, "très houleux" ne cachent pas certains.

    Première parution dans le quotidien Emergence du jeudi 02 avril 2015

     Une enquête de Paul-Joël Kamtchang

     

     

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